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tobermory Administrateur

Inscrit le: 06 Juin 2007 Messages: 7 715
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Posté le: 29/04/2014 09:57:31 Sujet du message: "Ce mal étrange" de Patricia Highsmith |
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David est un jeune homme tout ce qu’il y a de bien : gentil, sûrement bien de sa personne, doté de solides principes moraux, intelligent, chimiste doué, très apprécié de son entreprise et promis à un brillant avenir professionnel. Autrement dit, une sorte de gendre idéal. Oui mais voilà, David souffre de ce mal étrange, cette névrose qui peut se résumer ainsi : « je sais que tu m’aimes et tu pourras me répéter le contraire, je n’en démordrai pas. » En effet, David est amoureux d’Annabelle, avec qui a il a eu un début d’histoire sentimentale par le passé. Aujourd’hui elle est mariée, elle aime son mari et ne songe pas du tout à le quitter. Elle tente de persuader David qu’il fait fausse route, mais il ne veut rien entendre, convaincu qu’elle se trompe, qu’elle est manipulée, que son mari n’est pas digne d’elle et qu’un jour elle comprendra. Au fil du roman, David s’enfonce de plus en plus dans ce déni de réalité et dans la mythomanie et le dédoublement de personnalité qui l’accompagnent. Le roman suit constamment le point de vue de David et nous plongeons avec lui dans cette spirale de destruction, d’autodestruction et de délire logique. Car si son comportement nous paraît aberrant, il répond toujours à une « logique interne » parfaitement cohérente. On pense ici au mot de Chesterton : « Le fou n’est pas celui qui a perdu la raison, mais celui qui a tout perdu sauf la raison. »
J’ai toujours trouvé fascinants ces romans qui vous immergent dans le cerveau d’un psychopathe et où le lecteur lui-même devient schizophrène, d’un côté s’imprégnant des motivations du héros, de l’autre les jugeant absurdes.
Même s’il y a des meurtres, ce n’est pas vraiment un roman « policier » – les policiers et l’enquête sont très secondaires – plutôt un « suspense psychologique » mené de main de maitre par Patricia Highsmith, reine du genre et chouchou du cinéma, d’Hitchcock à Chabrol. Ce roman a été adapté au cinéma par Claude Miller, sous le titre « Dîtes-lui que je l’aime. »(1977) avec l’inévitable Depardieu.
Sur ce type de névrose, à lire aussi l'excellent roman de Ian McEwan "Délire d'amour" (cf critique de Guylou) :
http://avosplumes.clicforum.fr/t5219-Delire-d-amour-Ian-McEwan.htm _________________ Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement (G. K. Chesterton) |
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Posté le: 29/04/2014 09:57:31 Sujet du message: Publicité |
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